« Un nouvel univers s'est offert à mes yeux » est un nom de parcours assez déroutant. Nous pouvons voir « ce nouvel univers » comme l'ouverture à de nouvelles cultures, à de nouvelles mœurs comme le monde des Incas ou encore le monde persan. Néanmoins, ce parcours ne se limite pas à un simple regard ouvert sur une culture, mais à celui nouveau sur sa propre culture, sur la condition de chaque être humain (notamment les femmes) et sur les possibilités d'évolution de l'univers dans lequel nous vivons.
L'exotisme littéraire et la critique sociale
En littérature, nous retrouvons beaucoup de lettres fictives prétendument empruntées à des étrangers et Les Lettres péruviennes en font partie. L'exotisme de ces lettres semble être — dans un premier temps — l'occasion d'en apprendre plus sur une culture et nous appelle au relativisme, mais est surtout un prétexte pour critiquer indirectement la société française, par le biais d'un regard étranger. Ce « nouvel univers » est certes géographique, mais aussi un regard neuf sur une société dans laquelle nous sommes, une vision critique, éclairée.
Les Lettres portugaises de Guilleragues
Dans Les Lettres portugaises (1669) de Guilleragues est reprise la tradition du nom et d'une épithète indiquant que les lettres sont étrangères. Marianne, une religieuse portugaise, confie ses doutes, sa colère et son désespoir à son amant qui est parti en France. L'amant, tout comme dans les Lettres péruviennes, est un prétexte pour que Marianne se confie, dans un éternel soliloque. Ce « nouvel univers » qui nous est offert est celui de la psyché d'une femme, de plus religieuse, tiraillée entre sa raison et ses sentiments (comme un personnage racinien), entre ses doutes et sa confiance envers son amant, entre continuer à écrire ou se taire à jamais.
Le caractère subversif des œuvres
Les Lettres péruviennes de Graffigny sont déjà subversives en elles-mêmes dans la mesure où celle qui écrit les lettres est une femme, qui a perdu tout statut social et n'appartient, de plus, pas à la société française, mais également critiques en remettant en question la liberté des femmes, leur éducation et présentant le mariage comme une servitude. Les Lettres portugaises sont elles aussi novatrices dans la mesure où cette religieuse se confie avec authenticité, singularité et sans se cacher de son amour et de son désir : les religieuses sont mêmes les meilleures amantes, ce qui libère considérablement la femme.
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