Bernard Le Bouyer de Fontenelle (1657-1757)

Bernard Le Bouyer de Fontenelle : biographie et contexte

Origines et formation

Né à Rouen le 11 février 1657, Bernard Le Bouyer de Fontenelle (ou Bernard Le Bovier de Fontenelle) est un écrivain, dramaturge et scientifique français. Il réalise ses études chez les jésuites de Rouen comme beaucoup d'écrivains de l'époque (notamment Descartes et Bossuet).

Influence de l'éducation religieuse

L'éducation chez les jansénistes et les jésuites est très contrastée. Les auteurs qui ont été éduqués chez les jansénistes (notamment Racine et Saint Augustin) ont une vision très sévère de la nature humaine ; l'homme est profondément corrompu par le péché originel. Leur morale est austère, exigeant une vie de piété, d'humilité, de détachement du monde.

Les jésuites sont davantage ouverts aux sciences, au progrès et soulignent la nécessité d'une pédagogie humaniste. Il est donc assez logique que Fontenelle ait un intérêt pour le progrès scientifique, social et culturel, et soit davantage tourné vers les Modernes. Il est l'homme de la transition entre l'époque classique et les Lumières, notamment par la grande longévité de son existence, 100 ans.

La période classique

Contexte historique et politique

La période classique est une période historique marquée par l'absolutisme monarchique (notamment sous le règne du Roi Soleil), la fin des guerres de religion avec l'édit de Nantes (1598), l'expansion militaire et culturelle de la France.

Évolution du théâtre

Du point de vue de la littérature, la période classique est marquée par l'émergence du théâtre d'abord classique (Britannicus, Phèdre de Racine) puis baroque avec L'Illusion comique de Corneille, oncle de Fontenelle.

Le théâtre classique suit les règles de vraisemblance, c'est-à-dire l'unité de temps, de lieu et d'intrigue alors que le baroque est davantage en mouvement et extravagant.

Diversité littéraire

Des romans comme La Princesse de Clèves (Madame de La Fayette) ou encore le roman-fleuve l'Astrée d'Honoré d'Urfé sont aussi publiés. La période classique est marquée par une rigueur et une sévérité dans l'usage de la langue française que l'on peut voir théorisés dans l'Art poétique de Boileau ou dans les pièces de Racine.

Littérature d'idée et formes indirectes

La littérature d'idée émerge également sous des formes indirectes afin de critiquer des institutions (comme la cour dans les lettres de Madame de Sévigné à sa fille) ou encore des idées, des défauts (impossible de ne pas penser à la fable « Les deux coqs » de la Fontaine qui subvertit l'héroïsme des héros grecs de l'Iliade et de l'Odyssée par le grotesque ou encore les contes de Perrault). Le conte, l'apologue et toutes les formes indirectes permettent également d'échapper à la censure.

Le modèle conversationnel

Le modèle conversationnel ou de l'entretien apparaît dans la littérature épistolaire ou encore dans des traités scientifiques qui sont rendus plus plaisants, plus agréables et plus accessibles pour les lecteurs, notamment ceux de la cour. Les mots d'ordre de ce siècle sont placere et docere (plaire et instruire) ou encore moere et docere (émouvoir et éduquer) ; il y a donc une recherche esthétique, de légèreté en apparence, pour intéresser davantage le lecteur.

Bernard Le Bouyer de Fontenelle (ou Bernard Le Bovier de Fontenelle) connaît aussi l'émergence des Lumières (par Rousseau, D'Alembert) qui cherchent à apporter la connaissance au peuple afin de les sortir de l'obscurantisme et du fanatisme, mais aussi de la méconnaissance et de l'illettrisme. Les Lumières mettent en avant les idées de tolérance, de relativisme culturel et de critique des dogmes, notamment de l'absolutisme.

Les penseurs des Lumières cherchent à faire appel à notre autonomie intellectuelle, à notre esprit critique afin que nous puissions voir avec un regard averti et éclairé notre monde, mais aussi les mondes autour de nous.

Les œuvres de Fontenelle

Fontenelle s'essaye au théâtre (Bellérophon, tragédie) et à l'essai (L'Histoire des Oracles), mais aussi à la vulgarisation scientifique dans les Entretiens sur la pluralité des mondes, suite logique de sa volonté de démocratiser la connaissance.

Participation aux institutions royales

Fontenelle participe aussi activement aux institutions royales comme l'Académie française (1661) ou encore en étant secrétaire perpétuel de l'Académie royale des sciences de 1697 à 1740. Son travail de vulgarisation s'inscrit donc dans une pleine connaissance des idées et théories scientifiques de l'époque.

Fontenelle a pour mission de vulgariser les essais scientifiques pour les rendre accessibles à un vaste public cultivé, amateur de sciences.

Critique des méthodes scientifiques

L'apologue de la dent d'or interroge également les méthodes scientifiques d'analyse : les religieux considèrent le phénomène comme un miracle en évitant toute expérience empirique alors que les artistes, les philosophes s'y intéressent. Fontenelle critique donc, au même titre que le font les Lumières, l'obscurantisme religieux, la perte de lien avec le réel et la certitude absolue en des dogmes (notamment remis en question par Descartes dans l'expérience du doute avec laquelle est d'accord Fontenelle).

Découvertes et ouverture au monde

Les Lumières sont aussi un siècle de découvertes géographiques, ethnologiques et astronomiques. Les penseurs cherchent à ouvrir notre regard aux différents mondes, à repenser les théories antiques pourtant longtemps intouchables.

Dans les Entretiens sur la pluralité des mondes, Fontenelle nous invite d'ailleurs à un relativisme culturel et à repenser l'homme au centre de tout avec la théorie héliocentrique. La création d'instruments ou leur perfectionnement, notamment le télescope, contribue également à mieux comprendre ou découvrir des contrées alors inconnues.