Histoire d’une abolition longtemps discutée
Le premier débat officiel sur la peine de mort remonte à 1791 avec la présentation d’un projet de loi visant à son abolition. En réponse, l’Assemblée nationale constituante promulgue une loi qui, tout en maintenant la peine de mort, abolit les tortures préalables et uniformise la méthode utilisée pour la mise à mort en privilégiant la décapitation, auparavant réservée uniquement à la noblesse.
 
Une autre tentative d’abolition est avortée bien après, entre 1906 et 1908. Le président Armand Fallières gracie tous les condamnés à mort et supprime les crédits accordés aux bourreaux. Cependant, une série de crimes conduit l’opinion publique à demander à nouveau des exécutions de criminels. Malgré le projet de loi présenté par Aristide Briand en 1908 pour abolir la peine de mort, les exécutions reprennent dès 1909.
 
Robert Badinter, l’homme derrière l’abolition de la peine de mort
Robert Badinter était avocat avant d’être ministre sous François Mitterrand, il a défendu plusieurs criminels condamnés à la peine de mort, notamment Roger Botem, exécuté après avoir participé à une prise d’otage ou Patrick Henry, condamné pour le meurtre d’un enfant. Pour ce second procès, Badinter choisit de faire le procès de la peine de mort au lieu de défendre Patrick Henry en tant qu’individu. Il obtient alors la prison à vie pour son client.
 
Une abolition sous François Mitterrand 
Lors de sa campagne pour occuper le poste de président de la République, François Mitterrand fait savoir qu’il est opposé à la peine de mort et qu’il souhaite l’abolir.
Après une élection le 10 mai 1981, il décide de gracier le dernier condamné à mort français, Philippe Maurice, le 25 mai. 
 
Dès lors, tout s’enchaîne rapidement puisque le projet de loi est présenté en septembre 1981 à l’Assemblée par Robert Badinter (qui est alors Garde des sceaux) et obtient 363 voix favorables à l’abolition contre 117 défavorables. Le Sénat, lui, adopte la loi au cours du mois de septembre.
 
La loi est officiellement promulguée le 9 octobre 1981 faisant de la France l’un des derniers pays d’Europe occidentale à avoir aboli la peine de mort.
 
Et l’opinion des Français de l’époque ?
Il faut savoir que cette loi est passée contre l’opinion publique française. Le 17 septembre 1981, Le Figaro publie un sondage affirmant que 62% des Français sont encore favorables à la peine de mort.