L'esthétique scénographique développée par Giorgio Barberio Corsetti pour Le Chapeau de paille d'Italie révolutionne l'approche traditionnelle du vaudeville par une vision nouvelle qui transforme l'œuvre de Labiche en questionnement moderne. Corsetti, en collaboration avec le scénographe Massimo Troncanetti, développe une scénographie mutante qui se transforme à chaque acte. Aussi rompt-il avec les décors fixes traditionnels du théâtre à l'italienne. Cette innovation permet de suivre visuellement l'évolution psychologique des personnages et l'escalade dramatique de l'intrigue, ce qui contribue à créer un univers scénique en perpétuelle transformation.

Il reprend alors l'esthétique des années 1970 inspirée de l'optical art : il s'approprie les codes visuels de Vasarely, Soto et Bridget Riley pour créer une sensation de « vertige, de quelque chose qui bouge dans les images ». Ainsi, la boutique de Clara devient un décor digne de Vasarely, tandis que chez la Baronne, les protagonistes prennent la pose dans un tableau vivant avec cadre, soulignant l'artificialité théâtrale. Le metteur en scène développe une philosophie originale des objets scéniques : « Les objets ne sont pas là pour raconter, mais pour évoquer ce qu'il ne faut pas raconter. » Les décors tendent à évoluer progressivement : des toiles en plastique signalant les travaux chez Fadinard au premier acte jusqu'aux objets transformés en éléments d'extérieur qui créent un parcours à obstacles vers le domicile du protagoniste au cinquième acte. Les costumes de Renato Bianchi prolongent cette esthétique des années 1970 avec des choix humoristiques : pantalons « pattes d'éléphant », chemises « col de pelle à tarte », robe de mariée très courte avec chaussettes blanches. Ces choix traduisent ainsi visuellement la maladresse de la belle-famille provinciale qui tente d'imiter la mode parisienne. Cela contribue à rendre compte de la critique sociale originelle de Labiche dans un langage visuel contemporain.