Entretiens sur la pluralité des mondes (1686)

Entretiens sur la pluralité des mondes (1686) est un traité de vulgarisation scientifique et philosophique écrit par Fontenelle. L'écrivain y reprend les connaissances de son époque comme celles sur l'astronomie (le système héliocentrique de Copernic) ou encore le perfectionnement des télescopes.

Question centrale de l'œuvre

La principale question à laquelle cherche à répondre Fontenelle est : comment est fait le monde où nous habitons, existe-t-il d'autres mondes semblables qui pourraient aussi être habités ? Fontenelle cherche à connaître toutes les formes de vie, à la fois extraterrestres (les habitants de la Lune, de Mars), mais aussi le fonctionnement des sociétés méconnues et longtemps considérées comme totalement étrangères, différentes comme les sociétés animales (celui-ci prend l'exemple des abeilles).

Structure et forme de l'œuvre

Fontenelle cherche à rendre plaisantes ces réflexions en prenant le modèle d'une conversation, d'un entretien entre un philosophe et une dame mondaine, curieuse et avide de connaissance : Monsieur L*** et Madame la Marquise de G***.

Organisation en six soirées

L'entretien se déroule en 6 soirées ce qui permet d'ordonner l'argumentation :

• Première soirée : Discussion du système héliocentrique selon lequel la planète Terre tourne autour du Soleil et non pas l'inverse. Ce changement de perspective permet aussi de décentrer l'homme de tout et de montrer sa finitude, son caractère minime au sein d'une entité illimitée qui le dépasse. La culture de l'homme n'est qu'une culture au milieu de nombreuses autres : ni inférieure, ni supérieure.
• Deuxième et troisième soirées : Interrogation sur la possibilité d'habitants sur la Lune et sur les autres planètes (Vénus, Jupiter, Saturne…).
• Cinquième soirée : Concentration sur l'idée selon laquelle les étoiles éclairent chacune un monde autour du Soleil. La célèbre isotopie de la lumière est utilisée pour montrer que chaque monde et chaque culture méritent d'être étudiés.
• Sixième soirée : Présentation des dernières découvertes faites dans le ciel à l'époque.

Méthode dialectique

Le modèle de la conversation permet de donner une dynamique aux interrogations : les questions sont niées puis dépassées sous un modèle dialectique. Entretiens sur la pluralité des mondes est donc un traité de vulgarisation qui cherche à être didactique, à enseigner (notamment par la figure du philosophe), mais aussi à être plaisant.

L'objectif de Fontenelle

Dans Entretiens sur la pluralité des mondes, Fontenelle cherche à nous interroger sur les différentes cultures possibles, mais d'une manière spontanée, légère et plaisante pour le lecteur, symbolisée par la figure de la marquise.

La doctrine classique : « placere et docere »

Fontenelle s'inscrit dans la célèbre doctrine classique : placere et docere qui veut dire plaire et instruire.

Pour plaire

Il fait notamment appel à notre imagination qu'il laisse s'ouvrir, s'exacerber, mais en ne manquant pas de rendre ces entretiens vraisemblables (conformément à la réalité) afin que nous les croyions authentiques.

Pour instruire

Il entend utiliser les théories de Copernic, les expliquer sans jamais ennuyer, permettant ainsi à son lecteur de se faire sa propre opinion, sans jamais s'ériger en garant de la vérité.

Le modèle pédagogique

En outre, le modèle de la discussion entre le maître et l'élève reprend le rapport entre Fontenelle et le lecteur afin que nous nous sentions concernés et nous-mêmes curieux des thèses que nous expose le philosophe.

Les procédés stylistiques

L'utilisation de figures de style permet de préciser la pensée, mais aussi de la rendre, encore une fois, davantage plaisante.

La métaphore

La métaphore est par exemple utilisée abondamment pour vulgariser la pensée, notamment la métaphore de l'opéra le premier soir : la nature cache ses lois tout comme l'opéra cache ses artifices.

Exemple

« — du lieu où vous êtes à l'Opéra, vous ne voyez pas le théâtre […] comme il est ; on a disposé les décorations […] pour un effet agréable, et on cache à votre vue ces roues […] qui font tous les mouvements ! »

L'intertextualité

L'intertextualité, avec notamment « Orlando Furioso » de l'Arioste (poète italien de la Renaissance), est aussi utilisée pour préciser la pensée tout en la rendant plus plaisante, permettant ainsi au « berger de la science », comme le surnommait Voltaire, de légitimer ce nouvel objectif : mettre la science à la portée de chacun.