L’épreuve d’admission du nouveau CRPE (à partir de 2026) comprend, pour les étudiants de L3, un exposé sur une notion en français ou en mathématiques, suivi d’un entretien. Voici en quoi consiste précisément cette partie de l’épreuve, selon les textes officiels du concours :
Objectif de l’exposé
L’exposé vise à évaluer votre capacité à expliquer et à enseigner une notion du programme, en tenant compte :
- Des enjeux didactiques.
- Des représentations des élèves.
- Des obstacles à l’apprentissage.
- De situations d’enseignement possibles.
Déroulement de l’épreuve
- Le candidat tire au sort un sujet : une notion du programme de français ou de mathématiques (cycle 1, 2 ou 3).
- Il dispose de 2 heures de préparation.
- Il présente un exposé de 10 minutes maximum.
- Celui-ci est suivi de 10 minutes d’entretien avec le jury.
Contenu attendu de l’exposé
L’exposé doit montrer que le candidat :
1. Maîtrise la notion sur le plan disciplinaire :
- Définitions précises, exemples.
- Clarification des concepts associés.
- Différenciation entre notions proches ou confondues.
2. En comprend les enjeux didactiques :
- Pourquoi cette notion est-elle importante dans les apprentissages ?
- À quels moments du cursus scolaire est-elle abordée ?
- Quels sont les obstacles cognitifs fréquents chez les élèves ?
- Quelles erreurs sont souvent commises ?
3. Sait concevoir une situation d’apprentissage adaptée :
- Proposition de séquence ou de séance pour enseigner cette notion.
- Choix d’outils, de supports, d’exercices.
- Approche différenciée selon les niveaux.
- Référence explicite aux programmes de 2025.
Exemples de notions possibles
En mathématiques :
- Le nombre décimal
- Le sens des opérations
- La proportionnalité
- La division à l’école élémentaire
- Le repérage dans l’espace
En français :
- L’accord sujet-verbe
- Le système des temps au passé
- Le genre et le nombre du nom
- La compréhension de l’implicite dans un texte narratif
- Le lexique (familles de mots, synonymie, etc.).
Exemple de structure d’exposé (trame possible)
- Introduction (définir la notion, la situer dans les programmes)
- Problématique didactique (enjeux, obstacles, erreurs typiques)
- Déroulé d’une séance ou d’une séquence (objectifs, activités, outils)
- Éléments d’évaluation et de différenciation
- Conclusion (importance de la notion dans le parcours de l’élève)
Ce que le jury évalue :
- La clarté de l’exposé.
- La rigueur des connaissances disciplinaires.
- La capacité à transposer pour des élèves.
- La pertinence des choix pédagogiques.
- La référence aux programmes.
- La réflexion sur les apprentissages des élèves.
Mathématiques
À partir de cet exemple :
Notion proposée : Le sens des opérations à l’école primaire
Voici une introduction possible et les premiers éléments de l’exposé
Introduction
La maîtrise du sens des opérations constitue un enjeu fondamental des apprentissages mathématiques à l’école primaire. Elle permet à l’élève non seulement de résoudre des problèmes, mais aussi de construire des compétences en calcul, raisonnement, et modélisation.
Nous verrons ici comment cette notion s’inscrit dans les programmes, quels en sont les principaux obstacles, et comment on peut la travailler efficacement du cycle 2 au cycle 3.
Définition et cadre programmatique
Définition
Par « sens des opérations », on entend la capacité à :
- Choisir l’opération appropriée pour résoudre un problème donné.
- Comprendre ce que signifie une addition, une soustraction, une multiplication, une division dans un contexte donné.
- Distinguer différentes situations qui relèvent d’une même opération.
Références aux programmes (2025)
- Cycle 2 : « résoudre des problèmes impliquant les quatre opérations, en privilégiant la compréhension des situations »
- Cycle 3 : « consolider le sens des opérations, notamment dans des contextes variés : problèmes additifs, multiplicatifs, partages et groupements »
Enjeux et obstacles didactiques
Enjeux
- Donner du sens au calcul : éviter le recours à des automatismes dénués de compréhension.
- Permettre à l’élève de modéliser une situation.
- Préparer les apprentissages plus complexes (algèbre, proportionnalité, etc.).
Obstacles fréquents
- Confusion entre opération posée et résolution de problème.
- Tendance à raisonner uniquement en termes de mots-clés (« partager » = division, « combien en tout » = addition), ce qui peut induire des erreurs.
- Difficulté à distinguer des situations de recherche de transformation ou de comparaison (notamment pour la soustraction).
- Confusion entre division-partage et division-groupement.
Français
À partir la notion suivante :
Notion : L’accord du groupe nominal (déterminant, nom, adjectif)
Introduction
L’accord au sein du groupe nominal est une compétence grammaticale essentielle, enseignée dès le cycle 2 et consolidée au cycle 3. Il permet la cohérence syntaxique et sémantique des productions orales et écrites des élèves. Cette notion est au cœur de l’apprentissage de la langue écrite et contribue directement à la maîtrise de l’orthographe grammaticale.
Structure du groupe nominal
1. Le nom noyau (élément central, obligatoire)
- C’est le mot autour duquel s’organise le $\rm {GN} $.
- Il peut être un nom commun (chat, école), un nom propre (Paris, Louis), ou un pronom substantivé (le mien, le tien, un autre).
- Il détermine le genre (masculin/féminin) et le nombre (singulier/pluriel) du groupe.
2. Le déterminant (précède le nom, souvent obligatoire)
- Il introduit le $\rm {GN} $ et donne des indications de définition, quantité, possession, démonstration, etc.
- Exemples :
- Articles définis : le, la, les.
- Articles indéfinis : un, une, des.
- Déterminants possessifs : mon, ton, notre.
- Déterminants démonstratifs : ce, cette, ces.
- Déterminants numéraux : trois, dix, cent.
Le déterminant s’accorde en genre et en nombre avec le nom.
3. Les expansions du nom (non obligatoires)
Ce sont les éléments qui précisent ou enrichissent le nom. Elles peuvent être :
- Adjectifs qualificatifs : le chat noir, une idée brillante.
- Compléments du nom : le cahier de Julien, une robe à fleurs.
- Propositions subordonnées relatives : le garçon qui court, le livre que j’ai lu.
- Groupes prépositionnels : un château en Espagne, une robe à pois.
Ces expansions peuvent être antéposées (avant le nom), postposées (après le nom), ou encadrer le nom dans des cas plus complexes.
Accords au sein du GN
Les accords grammaticaux sont un point central de l’apprentissage de la grammaire à l’école :
- Le déterminant s’accorde avec le nom en genre et en nombre.
Ex. : une chaise rouge/des chaises rouges - L’adjectif qualificatif s’accorde également avec le nom (qu’il soit placé avant ou après celui-ci).
Ex. : un petit garçon/une petite fille/des garçons petits - Les mots insérés dans le $\rm {GN} $ (complément du nom, relative) n’affectent pas cet accord de base, mais complexifient l’analyse pour l’élève.
Ex. : Les fleurs que j’ai cueillies (accord de l’adjectif avec le nom noyau « fleurs »)
Obstacles fréquents
- Accord erroné entre déterminant et adjectif quand l’adjectif est éloigné du nom.
Dans un groupe nominal, le déterminant et l’adjectif doivent s’accorder en genre et en nombre avec le nom, même si l’adjectif est placé loin du nom, c’est-à-dire séparé par d’autres mots (adverbes, compléments, propositions relatives, etc.).
Quand l’adjectif est éloigné, les élèves peuvent perdre le fil de l’accord et accorder l’adjectif avec un mot plus proche, mais qui n’est pas le nom noyau. Cela mène à des erreurs.
- Confusion entre genre grammatical et genre sémantique (ex. : une sentinelle, un bébé).
Le genre grammatical se réfère à la classification des noms en masculin ou féminin dans la langue française. Par exemple, « le chat » est masculin et « la table » est féminin. Cette classification est souvent arbitraire et ne dépend pas du sexe ou de la nature de l’objet ou de l’être désigné.
Le genre sémantique, en revanche, se réfère au sexe biologique ou à la nature de l’objet ou de l’être. Par exemple, « un bébé » peut désigner un enfant de sexe masculin ou féminin, mais le mot « bébé » est grammaticalement masculin. De même, « une sentinelle » est toujours féminin, même si la personne désignée peut être de sexe masculin.
Cette confusion peut entraîner des erreurs d’accord, car les élèves peuvent avoir du mal à dissocier le genre grammatical du genre sémantique. Par exemple, ils pourraient accorder un adjectif en fonction du sexe de la personne plutôt qu’en fonction du genre grammatical du nom.
Autres difficultés possibles
- Influence de l’oral (les marques d’accord ne s’entendent pas toujours).
- Difficulté à repérer le noyau du groupe nominal.
- Mémorisation lacunaire des marques du pluriel (– s, – x, ou absence).
- Accorder l’adjectif avec un $\rm {GN} $ complexe ou inversé (les belles maisons rouges vs les rouges maisons belles – ce dernier étant incorrect).
- Confondre déterminant et pronom.
- Ne pas maîtriser les marques du pluriel ou du féminin dans les adjectifs (chevaux rapides/rapide).
Exemple d’indicateurs de réussite
| Compétence évaluée | Réussite attendue | Remarques |
|---|---|---|
| Choisir la bonne opération | L'élève relie correctement l’opération au type de situation | Même si le calcul n’est pas encore maîtrisé |
| Justifier son choix d’opération | L'élève explique avec des mots simples et justes | Peut utiliser un schéma ou une manipulation |
| Utiliser un vocabulaire adapté | « en tout », « répartir », « rester », « fois », etc. | Mots-clés observables à l’oral |
Synthèse des cas particuliers
| Cas particulier | Exemple correct | Fréquence en CE2 | Difficulté pédagogique |
|---|---|---|---|
| Adjectif invariable | des chaussures marron | Moyenne | Règle contraire à l’intuition |
| Couleur composée | des pantalons vert foncé | Moyenne | Pas d’accord → exception |
| Homophones d’accord | les petits chats/les petites chattes | Élevée | Accord non audible |
| Accord par attraction | des robes à motifs colorés | Courante | Erreur d’analyse grammaticale |
| Féminins irréguliers | une longue route | Moyenne | Mémorisation lexicale |
| Ordre inhabituel du $\rm {GN} $ | un gentil garçon/un garçon gentil | Faible | Peut brouiller l’analyse |
Aborder ces cas particuliers permet :
- De mieux ancrer les règles générales.
- De prévenir les erreurs fréquentes.
- De développer une grammaire réfléchie chez les élèves.
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