L’animal tel qu’on se l’est imaginé

L’animal a toujours occupé une place importante dans l’imaginaire humain. La religion, l’art, la littérature, les coutumes des différentes époques nous renseignent sur cette fascination exercée sur l’homme par l’animal.

Les représentations artistiques

Les peintures des grottes préhistoriques en sont un exemple frappant : les animaux sont nombreux, divers et représentés souvent avec précision alors que l’homme est moins présent. Ces peintures témoignent d’une admiration esthétique et d’une tentative de s’approprier l’animal par l’image. Presque toutes les civilisations ont ensuite représenté les animaux pour exalter leur force, leur beauté, leur exotisme ou pour les montrer tels qu’ils sont.

L’animal dans les pratiques religieuses

La pratique religieuse fait aussi la part belle à l’animal. La divinisation des animaux est fréquente dans l’Antiquité :

• Les dieux et déesses de l’Antiquité égyptienne sont souvent des animaux et la momification des animaux sacrés informe sur le culte qui leur était voué.
• En Grèce, Zeus ne cesse de se métamorphoser en animal.
• Dans la Rome antique, le taureau est important dans le culte voué à Mithra.

La religion chrétienne, quant à elle, attribue aux animaux une valeur symbolique qui en fait des représentations des valeurs du bien et du mal.

Les explications de cette fascination

On peut trouver plusieurs explications à une telle fascination :

• L’altérité : L’animal est l’autre, celui qui n’est pas l’homme et lui reste étranger, éloigné ; en cela, il étonne et stimule l’imagination.
• La projection : Il est aussi celui en qui l’homme peut se projeter et réfléchir à certains aspects de lui-même en les extériorisant. (Les fables d’Ésope ou de La Fontaine en donnent maints exemples.)
• La réflexion sur la nature : Depuis le XVIII^e siècle surtout, l’animal est le support d’une réflexion sur la nature non transformée par l’homme, l’authenticité et le besoin de sauvegarder une faune sauvage non touchée par l’homme

Cette fascination de l’homme pour l’animal n’est pas toujours positive et heureuse : l’animal est aussi l’objet de nos terreurs, et ce, depuis la Préhistoire.

Les origines de la peur animale

La peur de l’animal est d’abord liée à la menace réelle qu’il représente. L’animal sauvage est un prédateur possible et a été une menace réelle pour les hommes pendant longtemps. De nos jours, on pense que certaines de nos phobies (nos peurs des serpents, des chiens ou des araignées par exemple) trouveraient leurs racines dans ces peurs ancestrales.

L’animal comme altérité effrayante

Mais hors de cette menace vitale, l’animal est plus généralement ce qui nous est autre, différent, ce qui reste hors de portée de notre raisonnement et en cela peut nous effrayer. Des récits mythologiques où des animaux monstrueux doivent être combattus pour survivre, des films de science-fiction et des films d’horreur en sont autant d’exemples, soulignant la terreur provoquée par ceux avec qui la communication est impossible, la diplomatie interdite.

L’animal, miroir de nos terreurs

Depuis le siècle dernier, la psychanalyse et les études des mécanismes psychiques ont permis de montrer que l’animal servait aussi de miroir de nos terreurs : nous projetons sur lui nos peurs les plus grandes.

Les nouvelles terreurs liées aux évolutions modernes

Enfin, les dernières évolutions de nos modes de vie peuvent déboucher sur de nouvelles terreurs. Le mode de vie urbain nous éloigne de plus en plus des animaux que nous ne connaissons plus que sous l’aspect des animaux de compagnie. De là apparaît une méconnaissance des instincts et certains comportements peuvent nous les rendre menaçants.

Certains aussi peuvent justifier le comportement agressif de certains animaux sauvages comme une défense de leur territoire, un territoire que l’homme ne cesse de réduire à son profit. Le développement de l’espace humanisé peut aussi être responsable d’un déséquilibre nouveau qui explique l’apparition d’espèces invasives et de mutations d’animaux qui viennent menacer notre avenir. La médiatisation des faits divers peut aussi être une cause de renouvellement de nos angoisses face au monde animal.