I. Une paix fragile

1. Paix grecque

Dans La Paix, Aristophane présente l’un des premiers éloges du pacifisme. Cette paix, réclamée par le vigneron Justinet, est celle souhaitée par le peuple contre les dieux décadents et les élites démagogues et corrompues : « Ah ! puissé-je voir la Paix redescendre chez les Grecs ! » La paix est incarnée par une belle et jeune femme rustique nue, figure allégorique d’un désir populaire et vital de pacification au bénéfice des artisans et agriculteurs.

2. Pax Romana

« Si vis pacem, para bellum », c’est-à-dire « Si tu veux la paix, prépare la guerre », est une citation attribuée à Végèce, écrivain militaire romain du IVe siècle, dans son traité Epitoma rei militaris. La signification originelle de cette belle antiphrase est celle d’un Empire romain qui ne peut prétendre à la paix que s’il est prêt à se défendre par la guerre, voire à dissuader ses ennemis par la force. Et la paix romaine (Pax Romana) a duré plus de deux cents ans (Ier et IIe siècles apr. J.-C.).

II. Une paix commerciale

1. Corne d’abondance

Les différentes paix imposées par les civilisations antiques amènent à repenser le mythe de la corne d’abondance (cornucopia en latin), où le jeune Zeus casse la corne de la chèvre nourricière Amalthée d’où sortira à foison des fruits, du lait, du miel, etc. Les récits populaires médiévaux façonneront un autre mythe, celui du pays de Cocagne, un monde inversé où le vin coulent des rivières, où les animaux se présentent déjà rôtis, et où il suffit d’ouvrir la bouche pour être nourri. Le Pays de Cocagne (1567) de Pieter Bruegel l’Ancien représente de manière narquoise des hommes repus endormis dans un monde d’éternel festin, validant le fameux proverbe : « Abondance de biens peut nuire. »

2. Cultiver son jardin

Dans le conte philosophique Candide (1759) de Voltaire, après un long voyage rempli de souffrances, de guerres, de catastrophes naturelles et de désillusions philosophiques, Candide, Pangloss et la troupe trouvent refuge dans une petite propriété près de Constantinople. Pangloss persiste dans sa pensée héritée de Leibniz : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. » Mais Candide, désormais plus lucide, conclut prosaïquement : « Il faut cultiver notre jardin. » Ainsi, plutôt que de s’épuiser dans des considérations nébuleuses, il vaut mieux travailler, agir localement, améliorer le réel autour de soi.