Depuis quelques années, la crise alimentaire mondiale s’accentue, touchant toujours plus d’individus à travers la planète, notamment des enfants. La crise alimentaire est donc déjà là, en 2022. Ce sont principalement des pays de la Corne de l’Afrique (Soudan, Éthiopie, Érythrée, Somalie) et du centre du Sahel (Tchad, Niger, Burkina Faso, Mali, Kenya, Congo) qui sont touchés par la malnutrition. Il faut ajouter Haïti, l’Afghanistan, le Yémen et Madagascar. Toutes les conditions sont réunies, surtout depuis qu’a éclaté le conflit entre Russie et Ukraine, pour que la situation ne cesse d’empirer : pandémies qui freinent les échanges et la production, contexte géopolitique explosif, réchauffement climatique et autres périls tempériques. Nous constatons donc que les conditions propices à l’explosion catastrophique des taux d’émaciation, en particulier chez les enfants, sont réunies. L’aide alimentaire, notamment apportée par le Programme Alimentaire Mondial, ne permet que de réduire un peu les effets de la mauvaise répartition des denrées alimentaires sur la Terre.

L’insécurité alimentaire à travers le monde ne devrait donc faire qu’augmenter durant les prochaines années, d’autant plus que le boom démographique se poursuit. Il y a donc toujours plus de bouches à nourrir. La population mondiale devrait en effet passer de 7,8 milliards de personnes en 2021 à 8,6 milliards en 2031. L'Afrique subsaharienne, l'Inde et le Proche-Orient et l'Afrique du Nord seraient responsables des deux tiers de cette progression. De ce fait, la consommation alimentaire mondiale devrait augmenter de 1,4 % par an au cours de la prochaine décennie. Sur la même période, la production agricole mondiale devrait augmenter de 1,1 % par an, le surcroît de production devant être principalement réalisé dans les pays en développement et les pays pauvres.

En raison du conflit en Ukraine, se produit une hausse des prix de l'énergie et des intrants agricoles (surtout les engrais). Les coûts de production et, finalement, le prix des produits connaissent donc une hausse importante. Au 30 juin 2022, l'indice mondial des prix agricoles est supérieur de 34 % à celui de janvier 2021. Les prix du maïs ont augmenté de 47 % et ceux du blé de 42 % par rapport à janvier 2021.

Cependant, la crise alimentaire restera cantonnée à certains pays d’Asie et d’Afrique, et ne sera pas véritablement mondiale. On continuera à produire plus qu’il ne le faut pour nourrir potentiellement l’ensemble de l’humanité. Le problème ne sera toujours que celui de la distribution des aliments, de leur répartition. Or, il y aura toujours des pays de privilégiés, croulant sous l’abondance, et des pays de pauvres subissant de plein fouet les années de mauvaises récoltes et les crises économiques induites par les pandémies ou les guerres.