L’expression « système alimentaire » correspond aux différents acteurs et différentes étapes intervenant dans l’alimentation de la population mondiale : cultiver, récolter, conditionner, transformer, transporter, commercialiser et consommer. Le système alimentaire comporte l’ensemble des interactions entre ces acteurs, souvent industriels, et l’environnement naturel (terre, eau, climat, biodiversité), ainsi que les effets de l’environnement naturel sur la santé humaine et la nutrition. Il inclut également les intrants (chimiques notamment), les institutions, les infrastructures et les services qui contribuent à la réalisation de toutes ces étapes, ainsi que la place des régimes alimentaires et des pratiques culturelles dans la détermination de l’impact. Un système alimentaire est durable s’il permet à tous d’accéder à des aliments nutritifs en quantité suffisante, sans compromettre la vitalité et la diversité de la planète, ou la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins alimentaires et nutritionnels.
Dans son Essai sur le principe de la population (1798), Thomas Malthus affirme qu’une famine de masse frappera l’humanité si les guerres et les calamités ne permettent pas d’endiguer l’explosion démographique. Néanmoins, cela fait longtemps que les agriculteurs et, plus généralement, tous les producteurs de denrées alimentaires augmentent en continu leurs productions, cela à un rythme qui dépasse celui de la croissance de la population. Entre 1960 et aujourd’hui, la population mondiale a plus que doublé, tandis que la production alimentaire a plus que triplé. Il devrait donc être de plus en plus aisé de remédier aux besoins alimentaires dans le monde. Le problème est que le système alimentaire mondial est ainsi fait que certains croulent sous l’abondance, n’hésitant pas à gâcher toute une partie des denrées, quand d’autres sont dans le besoin et souffrent de malnutrition ou de dénutrition.