Le corps entre éthique et droit

Comment cohabitent ce que l'on nomme « âme » et ce que l'on nomme « corps » ? Cette cohabitation étrange, et parfois difficile, n'est-elle pas le signe que l'homme est un être d'artifice, et non pas naturel seulement ? Le décalage de l'esprit et du corps peut devenir spectaculaire : c'est la transe, qui semble dissocier matière et esprit. La transe inverse la danse : comme une matière sans esprit, livrée à elle-même.

Dans la transe, nous faisons l'expérience inquiète de l'ébranlement de notre âme par notre corps. La puissance du vivant y surgit de façon mécanique ou chaotique. Elle trouble par son étrangeté : comme si le corps parvenait à prendre le pas sur l'esprit. Comme si une mécanique non-contrôlée s'emparait du corps, pour le conduire à un comportement en apparence insensé, et hautement artificialisé.

Selon le philosophe D. Denett, il n’y a pas de différence entre un processus cérébral et un processus mental. De la même façon qu’on peut prévoir, anticiper le comportement d’un corps (d’un gaz, d’un liquide), on pourrait anticiper le comportement d’un cerveau sous telle ou telle condition. Denett suppose ainsi une conception mécanique de l'esprit humain : il n'y a pas de mystère de l'esprit, mais des zones d'ignorance, qu'une connaissance approfondie de la physiologie et du corps devrait réduire. L'esprit doit être étudié par le corps, en particulier par l'étude du cerveau. On ne saurait accorder, aux yeux de Denett, un type d’expérience privilégié à l’esprit humain par rapport à l’esprit artificiel : l'un comme l'autre fonctionnent de façon calculatoire, par décryptage d'informations.