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L’espace du Moyen Âge

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L’espace du Moyen Âge

L’espace du Moyen Âge s’observe de trois manières :

  • par la cartographie, 
  • par les récits,
  • et par les relations entre cultures. 

Sans cartes antérieures à la fin du XIIe siècle, face à des descriptions largement imaginaires jusqu’au XIIe siècle, restent les reconstructions des historiens. Par convention, ceux-ci ont longtemps limité l’espace médiéval à l’Europe occidentale, de la Suède à la Méditerranée, de Kiev à l’Atlantique). 

Mais les invasions depuis l’Asie centrale (Goths, Mongols), le Proche-Orient et l’Afrique du Nord (Arabes) transforment la vie matérielle, l’économie et la culture des peuples de l’Occident médiéval, cependant que l’immensité de l’Empire byzantin, les croisades, les tentatives d’échanges diplomatiques et le commerce à longue distance impliquent l’extension permanente de l’espace connu. Il y a eu quelques rares périodes de repli en Occident, notamment vers 650-750, vers 880-980 : elles s’expliquent par des phases d’inertie politique, plus que par des crises majeures comme celles qui ont décimé les empires méso-américains. La guerre, proche ou lointaine, les famines endémiques, les pestes à partir de 1348 n’ont ni stérilisé la création technologique, intellectuelle, artistique, ni suspendu les opérations commerciales.

Transition politique : de l'Empire romain aux empires byzantin et carolingien

La prise de Rome par les Wisigoths en 410 trahit un lent affaissement de l’Empire romain, divisé à plusieurs reprises depuis Constantin. La mort de l’empereur Romulus Augustule en 476 livra l’Italie au roi des Wisigoths. La partie orientale, elle, hérita de l’autorité impériale centrée sur sa capitale, Constantinople ; elle a survécu jusqu’à la chute de Constantinople en 1453, sous le nom d’Empire byzantin que lui ont donné les historiens. À partir de la fin du Ve siècle, l’une et l’autre partie évoluent différemment. À l’Ouest, des royaumes « barbares » phagocytent ce qui restait de l’administration romaine ; ils se conforment peu à peu au christianisme latin, assimilateur ; ils valorisent l’activité guerrière. Dans la péninsule ibérique, en Italie et en Angleterre, les nouveaux venus conservent longtemps les traces d’un particularisme – wisigoth, lombard, saxon -, mais en Gaule et en Germanie, l’accaparement des terres et des pouvoirs par les Francs efface lentement le souvenir des différentes origines. Une aristocratie foncière et guerrière fixe tous les hommes dans un territoire déterminé (seigneurie) et les contraint à une sujétion personnelle ; elle distingue libres et serfs et maintient une partie de ces derniers dans l’esclavage. À l’Est, l’Empire byzantin conserve ses institutions d’origine romaine, mais, harcelé de tous côtés (Perses, Arabes, Lombards…), il perd une grande partie de ses possessions (Jérusalem, Espagne, Ravenne, la Crète, la Sicile), se coupe de l’Ouest et s’hellénise. Un renouveau à partir du milieu du VIIIe siècle, recentre l’Empire sur la Méditerranée orientale et sur les pays du Nord (Bulgarie, Russie). Constantinople devient le pôle du commerce à longue distance entre Orient et Occident. La réorganisation militaire (thèmes) fait émerger de nouvelles élites régionales, moins intéressées par la capitale que par la perpétuation d’un Empire vertical, de droit divin. Les deux Empires ne partageaient plus les mêmes intérêts depuis le IXe siècle.

Bibliographie de base :

  • Chris Wickham, Framing the Early Middle Ages: Europe and the Mediterranean, 400-800, Oxford, Oxford University Press, 2005.
  • Bruno Dumézil, Les royaumes barbares, Paris, PUF, 2011.

L'expansion européenne (IXe-XVe siècles)

On peut reconstruire l’histoire de l’expansion européenne en cinq phases, de la fin du VIIIe au XVe siècle. Elle commence avec la fondation de l’Empire carolingien, en une première phase marquée par la volonté de christianiser et d’assimiler (baptême forcé des Saxons), jusqu’à l’entrée des royaumes d’Europe centrale dans la Chrétienté latine. Une frontière linguistique et religieuse se fige alors entre christianisme grec et latin. Une seconde phase prend forme dans la « reconquête » de l’Espagne, de la Sicile et de Jérusalem (XIe-XIIe s.) : elle est vouée à la reprise de terres présumées autrefois chrétiennes sur les conquérants musulmans, au nom d’un patrimoine chrétien. Une troisième phase montre au XIIIe siècle la Chrétienté à l’offensive sur les non-chrétiens (hérétiques, « infidèles » juifs et musulmans, païens) : la vision du monde soumis à l’obédience romaine légitime la traque à l’hétérodoxie et à l’altérité (juifs, musulmans, croyances populaires). La quatrième phase se définit dans l’abandon progressif d’objectifs communs (XIVe s.) ; les opérations militaires des royaumes se concentrent sur les terres voisines (Ecosse, Guerre de Cent Ans en France, conquête du royaume de Naples et Sicile par les Aragonais, guerre entre Castille et Portugal…). La cinquième phase inaugure l’âge du réalisme politique, voué à la quête des terres inconnues, libres et à prendre, de l’Afrique occidentale, des îles de l’Atlantique et bientôt du Nouveau Monde. 

Bibliographie de base :

  • Jérôme Baschet, La Civilisation féodale. De l’an mil à la colonisation des Amériques, Paris, Aubier, 2003, rééd. Flammarion, coll. « Champs », 2009.

L'Europe en crise (XIVe-XVe siècles)

Au cours des XIVe et XVe siècles, l’Occident subit de plein fouet des crises en cascade. Une détérioration climatique provoque dès les années 1310 une pénurie de céréales, des difficultés d’approvisionnement, des famines, suivies aussitôt de révoltes dans les campagnes et les villes. Les Pastoureaux (1251, 1320), la Jacquerie en 1358, l’insurrection anglaise en 1381 témoignent de vacillements dans le système seigneurial... Les troubles de la cour royale dans les dernières années de Philippe le Bel en France et le changement dynastique de 1328 préludent à la guerre de Cent Ans, brutalement scandée par la Peste noire de 1347-1348, par la désertion de villages entiers… Sur le plan religieux, le repli du pape de Rome à Avignon à la suite du concile de Vienne et l’élection de plusieurs papes du royaume de France n’ont créé qu’un émoi passager, mais la longueur du séjour loin de Rome inquiète. L’élection d’un pape italien en 1378 suscite la fureur d’une partie des cardinaux : commence alors le grand Schisme d’Occident. Il inaugure une grave crise de confiance dans le futur. Pourtant, le dynamisme n’a pas fait défaut. La métallurgie, l’ingénierie militaire et la médecine ont investi de nouveaux champs grâce au soutien de législations urbaines, royales et pontificales ; les foires, les transports fluviaux et maritimes n’ont été suspendus qu’en de brèves périodes (rôle de Gênes, de Venise et de la Hanse). La quête du profit n’a jamais quitté les esprits des marchands, des seigneurs et des détenteurs du pouvoir.

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