« Arrête, c’est ici l’empire de la mort », telle est la phrase qui vous accueille lors de votre visite des Catacombes de Paris, un lieu insolite et mystérieux qui constitue l’un des plus grands ossuaires du monde.

Formé des mots grec « kata » (en bas) et latin « tumba » (tombe), le mot catacombes, toujours utilisé au féminin pluriel, désigne un long souterrain servant de sépulture ou d’ossuaire (l’endroit où l’on entassait les ossements humains).

Les Catacombes de Paris ont été créées à la fin du XVIIIe siècle mais leur histoire s'inscrit dans un passé bien plus lointain...

Les carrières de Paris
Les Catacombes ont en effet été installées dans les anciennes carrières souterraines de Paris, exploitées depuis le XIIIe siècle pour la construction des bâtiments et monuments de la ville. Les carriers en extraient du gypse ou du calcaire, formés lorsque le Bassin parisien, à partir de l’ère secondaire, il y a  plus de 200 millions d’années, a été envahi par la mer. Ainsi, c’est d’un calcaire datant d’environ 45 millions d’années, le calcaire lutétien (en référence à Lutèce, l’ancien nom de Paris), qu’ont été extraites les pierres à bâtir utilisées pour les grands édifices de Paris, notamment la cathédrale Notre-Dame.

Mais cette exploitation massive n’est pas sans conséquence et les vastes excavations qui ont été créées au fil des siècles dans le sous-sol parisien provoquent régulièrement des effondrements. L’affaissement de la rue d’Enfer (Denfert-Rochereau) de 1774, responsable de la chute de 300 mètres de route et d’une trentaine d’habitations marque les esprits et convainc les autorités de mettre un terme à l’utilisation des carrières souterraines. Louis XVI en interdit l’exploitation en 1776 et crée, l’année suivante, l’Inspection générale des Carrières – qui existe toujours ! – pour surveiller et consolider le sous-sol parisien, véritable « gruyère » en certains endroits de la capitale et de ses environs.

Des cimetières aux Catacombes
Pendant des siècles, les Parisiens ont enterré leurs morts dans les sépultures, les tombes et les fosses communes des cimetières paroissiaux, accolés aux églises. À la fin du XVIIIe siècle, certains, surpeuplés, commencent à poser de graves problèmes de salubrité. C’est le cas du plus plus grand d’entre eux, le cimetière des Saint-Innocents, situé en plein cœur de la cité, dans le quartier des Halles.

On décide alors de le condamner et d’en transférer les « ossements » accumulés au cours des  siècles, dans d’anciennes carrières de la ville, à la Tombe-Issoire. Les ossements sont prélevés puis déversés, de nuit – pour ne pas effrayer les habitants – par deux puits de service de la carrière puis rangés le long des galeries. C’est la naissance de l’Ossuaire municipal de Paris, en 1786, que l’on consacre religieusement et baptise du nom de « Catacombes », en référence à la nécropole de la Rome antique.
Après la Révolution et jusqu’en 1814, d’autres cimetières paroissiaux parisiens sont aussi « évacués » vers les Catacombes, tandis que l’on crée de nouveaux cimetières à la périphérie de la capitale, comme celui du Père Lachaise, qui date de 1804. Ces transferts, qui concernent les « restes » de près de 6 millions de Parisiens, s’achèvent en 1860, avec les grands travaux du baron Haussmann.

Un lieu de visite… attractif
Au début du XIXe siècle, sous la houlette de l’inspecteur des Carrières Louis-Héricart de Thury, les Catacombes sont aménagées, décorées, consolidées, assainies et séparées du reste des carrières. Une  restauration qui permet l’ouverture au public sur rendez-vous dès 1809.
Au-delà des hommages rendus aux morts par leurs familles, le lieu attise bientôt la curiosité et suscite l’engouement : des personnages illustres viennent les visiter, comme le fils du futur Charles X, l’empereur d’Autriche ou Napoléon III.

Les Catacombes, premier monument souterrain visitable, deviennent l’un des sites les plus populaires de la Capitale, un succès qui perdure aujourd'hui encore !

Les Catacombes de Paris en quelques chiffres

  • 20 mètres de profondeur
  • 11 000 mètres2
  • 1,5 km de visite
  • Température ambiante : 14°
  • 550 000 visiteurs par an

Info bonus
Les Catacombes furent aussi un terrain d’exploration et d’expérimentation pour des botanistes, des naturalistes mais aussi pour le photographe Nadar qui y testa les prises de vue en lumière artificielle. On y trouve d'ailleurs des cabinets de curiosités, l'un sur la minérologie et l'autre sur la pathologie.

Une citation : La ville souterraine a livré ses entrailles au monde des vivants, et, en retour, la cité vivante a donné ses ossements à la terre dont elle est sortie (George Sand).