Les trois principales tendances historiques du rapport à l’enfant sont les suivantes :

  • Dans les sociétés préindustrielles, l’enfant représente un capital, une force de travail, une main-d'œuvre potentielle. Il est aussi un capital au sens d’assurance (maladie, vieillesse, accident, etc.) ;
  • L’enfant est devenu un bien de consommation affective. Il coûte plus qu’il ne rapporte. Il y a un processus de sentimentalisation qui s’est attaché à l’enfant au cours de la modernisation. Avant, il n’est pas fortement investi affectivement, il est considéré de manière plus détachée ;
  • Au cours de l’industrialisation, on assiste à une montée d’une justification progressive de l’intervention humaine sur le nombre d’enfants (naissance ou avortement). Ce contrôle ne date toutefois pas uniquement de l’industrie : de tous temps, les sociétés se sont préoccupées de la qualité et de la quantité de leur population. La régulation avait lieu au niveau macro par le choix du conjoint, des normes sur l’âge au mariage, des interdits qui permettaient d’espacer les grossesses. Les décisions au plan micro (décisions individuelles sur les processus biologiques) ne sont pas contemporaines non plus, ce qui change c’est l’affirmation de la légitimité et la généralisation de l’intervention.


On constate donc
une inversion du nombre d’enfants, et ce peu importe la classe, à cause de ce passage de l’enfant comme producteur/capital à enfant comme bien de consommation affective. Au début du XXe siècle, les familles bourgeoises avaient plus d’enfants parce qu’elles pouvaient mieux les entretenir. Avant l’industrialisation, les couches populaires avaient plus d’enfants pour les aider à travailler.

Ensuite, on peut distinguer trois dimensions dans le désir d’enfants :

  • Relation : on transmet le développement, le savoir, les traditions, les joies, le rire. Cette transmission occupe la place centrale dans les motivations à la parenté. Elle possède aussi une composante symbolique : l’enfant apparaît comme la concrétisation de l’amour des conjoints ;
  • Action : la venue de l’enfant est certainement l’occasion d’activités de tous types. Selon les ressources sociales, ces activités peuvent être considérées comme créatrices, stimulantes ou, au contraire, comme méprisées ou ennuyeuses. La frustration ressentie peut être perçue comme une menace ou comme un stimulant pour la vie quotidienne ;
  • Identité : l’enfant peut être une occasion de pouvoir. Il est quelqu’un sur qui on a de l’influence, de l’autorité, à qui on transmet des valeurs. De l’extérieur, il donne un statut ou une présence dans la communauté sociale.