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Quelle est la place du public dans les deux mises en scènes ?

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Quelle est la place du public dans les deux mises en scènes ? 1

La mise en scène d’Ostermeier signe la disparition du « quatrième mur » : la scène demi-circulaire est au milieu du public amenant les comédiens à partager l’espace avec les spectateurs. La disposition est intrusive et laisse place à un Richard III, dont la voix est amplifiée dans ses monologues, raisonne à l’oreille du spectateur, comme si elle faisait partie de lui, produit un sentiment de malaise. Elle abolit toute distance entre le personnage et le spectateur. Ainsi Ostermeier déclare-t-il dans un entretien : « Depuis mes débuts comme metteur en scène, j’ai toujours été́ intéressé par le rapport entre la scène et le public. Je ne fais pas un théâtre d’images, je n’ai pas besoin d’une distance pour que le public perçoive la composition de ma mise en scène. Je souhaite que le public se sente avec les acteurs, parmi les acteurs et les personnages qu’ils interprètent, vraiment à côté d’eux ». L’interprétation du rôle-titre par Lars Eidinger instaure cette relation d’intimité avec le public et tend à le rendre complice de ses vices, de sa perversité, de son machiavélisme et de sa soif de pouvoir. C’est, d’ailleurs, un jeu « vrai » que recherche Ostermeier dans sa mise en scène. 

Le malaise du public est favorisé par la conception d’un décor froid, industriel, avec un mur droit accolé à la scène et auquel sont accrochées des poutrelles métalliques, sortes d’échafaudage avec des échelles, soutenant une passerelle accessible de la scène par un escalier. L’ensemble permet ainsi aux comédiens de se déplacer en hauteur et de rendre compte de leur évolution montante ou descendante autour du pouvoir. C’est aussi un moyen, par cet éclatement de l’espace, de lui donner une dimension quasi animale.

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Dans la mise en scène proposée par Thomas Jolly, le quatrième mur est également aboli : la démarche est de mettre en place une complicité entre Richard et le public à travers une adresse directe au spectateur et une avancée de la scène dans le public entretenant ainsi une relation privilégiée avec le spectateur mise en valeur lors de l’isolement des autres personnages apparaissant de dos sur scène en haut d’une estrade. Le monologue de la première scène explique en quoi sa difformité l’amène à vouloir prendre le pouvoir et fait du public le premier témoin de sa souffrance. S’installe alors un sentiment de compassion envers le personnage. 

En outre, Richard sait manipuler ses ennemis ou ses proches, mais il exerce aussi son pouvoir de séduction sur le public. Ainsi suscite-t-il, dans la mise en scène de Jolly, une interaction en prenant le micro pour chanter « I’m a dog » à la fin de l’acte III, revendiquant son statut de « monster » devant des spectateurs, qui, séduits par le concert, applaudissent devant sa prestation. Le spectateur fait partie de la pièce et y participe en acceptant d’être embrassé par un Richard qui est descendu de la scène pour lui demander de faire la paix. De même, lors de sa visite chez Richard III, le maire s’exclame-t-il en s’adressant au public : « Voyez tous ces citoyens qui nous ont devancés ». Jolly fait intervenir des personnages surgissant du public qui n’apparaissent pas dans le texte shakespearien ou encore demandant au public d’applaudir. Le metteur en scène fait alors tenir au public un rôle déterminant dans l’accession au pouvoir de Richard. Mais l’emprise du personnage faiblit en même temps que sa chute, laissant Richmond au dernier acte prononcer les dernières paroles qui sont adressées au spectateur : « À présent nos blessures civiles sont fermées, la paix revit ».

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